Bulletin de l'URE CGTR du 1er septembre 2015
BAISSE DU PRIX DU BARIL... ET AUGMENTATION DES MARGES DES PÉTROLIERS
Les prix du gazole, de l'essence et de la bouteille de gaz ont diminué pour le deuxième mois consécutif ce qui constitue une bonne nouvelle pour les familles ouvrières dont une bonne partie du budget passe dans l'achat des carburants pour se rendre à leur travail et autres déplacements.
Mais si les tarifs de l'essence et du gazole ont baissé de 5 à 6 % par rapport à août, le prix du baril, lui a chuté de 12 %, ce qui revient à dire que les marges des compagnies pétrolières ont encore explosé.
Entre janvier 2014 et janvier 2015, les trois compagnies pétrolières qui se partagent l'activité du raffinage en France ont augmenté leurs profits de 12 euros par tonne de pétrole raffiné à 60 euros aujourd'hui. Cette hausse représente, selon les données de l’Ufip (Union française des industries pétrolières), 1,3 milliard d’euros de bénéfices supplémentaires.
Les compagnies pétrolières se justifient en expliquant que leurs marges avaient beaucoup diminué les années précédentes. Mais ce n’est pas le cas de leurs profits. Ceux de Total avaient dépassé les 10 milliards d’euros en 2014.
Pour 2015, on peut s’attendre à de bien meilleurs résultats encore… réalisés au détriment des automobilistes.
OUI AU CONTRÔLE DES BUS... ET DES PATRONS !
Lundi 31 août, plusieurs dizaines de bus de ramassage scolaire ont été contrôlées par la police à Saint Benoît et Sainte Marie. Plusieurs infractions ont été relevées : absence d'extincteurs, de contrôle technique, de trousses de secours, de triangles avertisseur et de carte chauffeur (chronotachygraphe) permettant de déterminer le temps de conduite. Pour cette dernière infraction un chauffeur a été convoqué pour explication devant la gendarmerie le lendemain et est passible d'une amende et même de peine de prison.
Il est révélateur qu'on ne parle pas de convocation des patrons suite à ces infractions, mais de menaces contre les salariés. Or ce devrait être avant tout les patrons qui devraient rendre des comptes et écoper de sanctions pour ces manquements à la législation. Ce sont en effet eux qui, pour des raisons d'économies, transgressent la loi ou obligent les chauffeurs à le faire.
Dans ces entreprises de transport de personnes, les patrons exercent une pression permanente pour que les chauffeurs prennent leur service avec des véhicules non conformes (pneus lisses, freins et/ou amortisseurs défectueux), acceptent d'enchaîner les périodes de travail sans respecter les périodes de repos.
Les contrôles de la gendarmerie sont certes utiles, mais en nombre insuffisant. Les mieux placés pour contrer ces manquements à la sécurité routière et ces pressions patronales sur les chauffeurs, sont les conducteurs de bus eux-mêmes qui doivent s'organiser pour imposer la sécurité sur leurs lieux de travail.
PRÉPARONS LA JOURNÉE DE LUTTE DU 8 OCTOBRE !
Afin de mettre un coup d'arrêt aux attaques conjuguées du patronat et du gouvernement contre les travailleurs, les chômeurs et les retraités, les syndicats CGT, FSU et Solidaires appelent à une journée de mobilisation le 8 octobre au niveau national.
La CGTR s'associe à cet appel. Cela nous laisse le temps de nous y préparer.
Il y a en effet matière à se mobiliser. Le chômage reste à un niveau élevé : près de 5 millions de sans emplois au niveau national, 170 000 à la Réunion. Deux jeunes sur trois de moins de 25 ans au chômage dans l'île. Si le recours du gouvernement aux emplois aidés permet au patronat de réduire la masse salariale, d'imposer toujours plus de précarité dans les entreprises, il n'offre aucune sécurité d'emploi aux nouveaux embauchés. Seule la lutte des travailleurs pour imposer la partage du travail entre tous, sans diminution de salaire, la transformation des CDD en CDI, des temps partiels en temps complets et l'embauche massive des chômeurs pourrait changer la situation.
L'intersyndicale revendique aussi une augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux. C'est plus que jamais nécessaire dans un contexte où les salaires ne suivent pas le coût réel de la vie, où la plupart des familles de travailleurs compte à présent un ou plusieurs chômeurs en leur sein.
Dans nombre d'entreprises, les salaires sont gelés, parfois depuis des années. C'est le cas aussi des retraites qui le sont depuis mars 2013 et le seront jusqu'en octobre 2016. Plane aussi pour les prochaines années la menace d'une baisse importante des retraites complémentaires au prétexte d'un nombre insuffisant de cotisants, conséquence des licenciements massifs imposés par le patronat.
Patrons et gouvernements font payer leur politique d'austérité aux travailleurs alors que les profits explosent et qu'actionnaires et capitalistes se gavent comme jamais. L'exemple récent du patron d'Alcatel qui s'est fait attribuer à l'occasion de son départ pour SFR un pactole de 14 millions d'euros est là pour l'attester. L'argent ne manque pas. Il s'accumule dans les mains d'une minorité de super privilégiés. Quant aux grosses entreprises, elles n'ont jamais possédé autant d'argent en propre, mais leurs dirigeants préfèrent l'utiliser à spéculer ou à racheter des entreprises concurrentes plutôt que d'investir dans des productions utiles à la société et à améliorer le sort des travailleurs, des chômeurs et des retraités.
Il faut mettre un terme à cette dérive. En cessant le travail le 8 octobre, les travailleurs peuvent donner un avertissement à tous ceux qui profitent de leur travail et montrer aux patrons et au gouvernement qu'ils ont des exigences qu'il faudra satisfaire !
MACRON, VALLS, PARTISANS DE LA “RÉDUCTION DU COÛT DU TRAVAIL”, COMME LE PATRONAT
Le premier ministre Valls avait déclaré être l'ami des entreprises et être opposé à la semaine de 35 heures. Son ministre de l'Economie, Macron, vient de se faire remarquer par des déclarations du même tonneau lors de l'université d'été du Médef.
Il a fustigé la “fausse bonne idée” selon laquelle “la France pourrait aller mieux en travaillant moins” en ajoutant que “la gauche (n'était) pas exempte de critiques particulières. Elle a pu croire à un moment, il y a longtemps, que la politique se faisait contre les entreprises, ou au moins sans elle. (...) C'était des fausses idées.”
Contrairement à ce que ces deux là affirment, les salariés travaillent bien au-delà des 35 heures officielles. La durée moyenne du travail en France s'établit à 39 heures en 2014 selon l'Insee, mais c’est sans compter les millions d’heures supplémentaires effectuées, mais non déclarées et donc non payées !
La loi Aubry de 1998 sur les 35 heures s'est en effet accompagnée de dérogation permise sur l'annualisation des heures de travail. Cette dernière disposition exonère de fait les patrons de payer les majorations pour heures supplémentaires quand un accord d'entreprise a été signé par les syndicats.
La loi permet aussi aux patrons d'imposer des semaines de travail de 44 heures maximum, voire de 48 heures sur des périodes courtes. Elle leur permet d'imposer aux salariés jusqu'à 220 heures supplémentaires par an, soit l'équivalent de six semaines de travail supplémentaires.
Les majorations pour heures supplémentaires qui doivent être de 25 % pour les 8 premières et 50 % au-delà peuvent être ramenées à 10 % s'il y a accord d'entreprise.
C'est dire combien les 35 heures ont finalement peu coûté au patronat qui a par ailleurs bénéficié de nombreuses compensations financières octroyées par les gouvernements précédents (subventions à l'embauche, un vrai pactole versé pendant plusieurs années).
Mais toutes ces dérogations à la loi ne suffisaient pas au patronat. C'est pourquoi leurs représentants au gouvernement font entendre leur voix aujourd'hui pour que des accords d'entreprises permettent aux patrons de déterminer à leur guise le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Car l'objectif de ces derniers est en dernier ressort de réduire encore plus ce qu'ils appellent le “coût du travail”, c'est-à-dire la part qui revient aux travailleurs.
Eh bien la CGTR s'opposera de toutes ses forces à ce nouveau coup de force contre les travailleurs avec tous ceux qui veulent être de ce combat !