Bulletin URE CGTR du 22 septembre 2015
GRÈVE À ÉCO FOOD SAINT BENOÎT
Jeudi 17 septembre quatre salariés d’Ecofood (une entreprise de production de bouchons située dans la ZI Bras Fusil) ont refusé de prendre le travail pour protester contre le licenciement d’un de leurs collègues. À l’embauche, à 6h 30 du matin, ils exigeaient la réintégration de leur camarade licencié depuis le lundi 14 septembre après deux avertissements et une mise à pied de 8 jours, considérant que les motifs avancés par le patron étaient futiles, voire complètement faux. Pas dupes, ils n’ont pas hésité à dire à leur patron que ces sanctions arrivaient « par hasard » juste après leur action devant les prud’hommes pour l’application de la convention collective, en l’occurrence le paiement du 13ème mois. Exaspérés, les salariés ont « vidé zot cœur » en rappelant au patron que son associé refusait de serrer la main aux militants de la CGTR, les insultait fréquemment, en leur disant « vous pouvez crever ! »
Le patron ne voulant rien entendre des explications des salariés, rétorquait, presque la larme à l’œil, que « la confiance était rompue » et qu’il ne lui était plus possible de reprendre ce salarié, reconnaissant cependant que celui-ci avait fait du « bon boulot » pendant 14 ans, cumulant des heures supplémentaires, travaillant le samedi pour honorer les commandes des clients. Mais au bout de deux heures et devant la détermination des salariés grévistes le patron lâchait prise et acceptait de reprendre le salarié licencié.
C’est une belle victoire et une belle leçon de solidarité de la part de ces ouvriers soutenus par la CGTR.
FIN DE LA GRÈVE Á ORANGE MAYOTTE
La grève avait commencé dans cette entreprise le 27 juillet, elle a pris fin mardi 16 septembre sur un protocole d'accord.
Les grévistes réclamaient le versement d'une prime de vie chère de 120 euros, promise mais non versée par la direction, avec effet rétroactif sur trois ans. Ils ont obtenu 60 euros avec le rappel demandé. La direction a cependant refusé de leur payer leurs jours de grève.
Ils ont aussi été condamnés par les tribunaux pour « entrave à la liberté du travail », mais ont l'intention de faire appel de cette décision montrant ainsi aux patrons d'Orange qu'ils ne comptaient pas se laisser faire.
En tout cas, par cette grève, les travailleurs mahorais qui ont su montrer une solidarité et une combativité sans faille et fait reculer une direction méprisante.
À PROPOS DE LA MANIFESTATION DE JEUNES POUR DES EMPLOIS À SAINTE SUZANNE
Mardi 15 septembre plusieurs dizaines de jeunes ont manifesté pour des emplois à Sainte Suzanne et ont bloqué d'abord le chantier du pont du radier de l'entrée est de la ville, puis celui de la de la résidence Fruits à Pain prétendant qu'aucun chômeur de Sainte Suzanne n'y avait pas trouvé à s'embaucher, ce qui n'était pas le cas. Les ouvriers présents sur le chantier se sont déclarés solidaires d'eux, mais leur ont fait remarquer que le chantier avait commencé en juillet et se terminait en novembre et qu'ils se manifestaient par conséquent un peu tard.
Mais plus étonnant encore était la composition du groupe de manifestants. On y reconnaissait ainsi nombre d'agents et chefs d'équipe de l'entreprise de sécurité OSR, dont le siège est situé à Quartier Français, déclarant « ne pas avoir de revenus, pas de RMI, rien ». Ce qui en a étonné plus d'un à Sainte Suzanne.
Questionné par un journaliste du Quotidien, le directeur de cette entreprise, Adite Jeyaveerasingam, expliquait qu'il « essayait de trouver une solution pour ces jeunes », se référant au passage au « caractère social de son management » à OSR. Les jeunes employés en CDD successifs, les salariés récemment licenciés soi disant « pour fautes » à OSR apprécieront...
Vous avez dit manipulation ?
ET ÇA CONTINUE !
La caisse de Sécurité sociale a assigné l'entreprise de transports de voyageurs Carpaye devant le tribunal de commerce de Saint Denis. Son patron, lui, est toujours redevable d'un million et demi d'euros de cotisations sociales.
L’entreprise a été placée en sauvegarde, ce qui signifie que Carpaye bénéficie encore d'un an pour régler sa dette.
Comment expliquer cette mansuétude des pouvoirs publics à l'égard de ce capitaliste alors que son entreprise fonctionne essentiellement avec la commande et donc les fonds publics ? La défense de l'emploi de ses 90 salariés ? Mais ceux-ci sont exploités, spoliés, maltraités, méprisés et sous-payés par leurs patrons depuis des générations, et chassés de l'entreprise au moindre prétexte.
Les patrons sont les seuls responsables du déficit de la Sécu, mais c'est aux travailleurs qu'on présente la note en déremboursant les médicaments, en contestant leurs arrêts maladie, ou en imposant aux hôpitaux de réduire leurs dépenses, etc.
Que les patrons paient leurs dettes !
RETRAITES COMPLÉMENTAIRES : AU PATRONAT DE PAYER !
Dans les négociations sur les retraites complémentaires, le Medef voudrait imposer un abattement des pensions complémentaires entre 62 et 65 ans, de 30, 20 et 10 % les trois premières années. Sous prétexte de combler le déficit, la ponction serait de 1 à 2 milliards par an sur le dos des travailleurs retraités. Les patrons, eux, ne veulent rien payer et refusent toute augmentation des cotisations patronales.
Les caisses de retraites, ce sont les travailleurs qui les alimentent, et uniquement eux, pendant que les patrons encaissent les profits. S’il y a un déficit, ce devrait être à eux de le prendre en charge.
IL Y A 120 ANS : LA CRÉATION DE LA CGT
Il y a 120 ans, le 23 septembre 1895, était créée la Confédération Générale du Travail en France.
Cette organisation syndicale regroupait les travailleurs de tous les métiers et rassemblait dans une même organisation les Bourses du Travail et la fédération nationale des syndicats qui s'étaient développés à la suite de la répression terrible qui avait frappé le mouvement ouvrier lors de l'écrasement de la Commune de Paris en 1871 qui avait fait 30 000 morts parmi les insurgés (ouvriers, artisans, intellectuels et militants). Le développement industriel de la France avait aussi grandement contribué au développement de la classe ouvrière.
La classe ouvrière qui se développait souffrait d'une exploitation éhontée dans les mines et les usines de production. Les journées de travail de 10 à 14 heures étaient la règle, le travail des enfants aussi.
C'est contre ces ignominies que se levèrent et s'organisèrent des dizaines de milliers de travailleurs.
À la suite des syndicats des travailleurs américains qui avaient combattu pour la journée de travail de 8 heures, la CGT lança plusieurs grèves générales pour imposer cette revendication au patronat. Ainsi en fut-il le 1er mai 1906. La bourgeoisie apeurée, son gouvernement et son ministre de l'intérieur Clémenceau organisèrent la répression en envoyant contre les grévistes (le 1er mai n'était pas jour férié à cette époque) des dizaines de milliers de militaires et fit arrêter tous les dirigeants de la CGT. Les années suivantes plusieurs militants perdirent la vie lors des charges policières contre leurs manifestations.
Même si la CGT ne réussit pas à obtenir les 8 heures à l'époque, son crédit grandit fortement parmi les travailleurs qui la rejoignirent massivement. De 100 000 adhérents en 1902, celle-ci passa à 400 000 adhérents en 1908 !
L'ardeur au combat des militants de la CGT était certes due à leur volonté d'obtenir des améliorations sensibles des conditions de travail et de salaire pour les salariés, mais elle s'expliquait aussi par le fait que la jeune CGT militait en même temps pour un changement radical de la société et affirmait que seuls les travailleurs pouvaient en être les acteurs.
Ainsi lors de son congrès de 1906 tenu à Amiens, le congrès de la CGT proclamait bien que celle-ci oeuvrait pour faire avancer les revendications quotidiennes des travailleurs, mais que « Cette besogne n'est qu'un côté de l'oeuvre du syndicalisme. Il prépare l'émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste et préconise comme moyen d'action la grève générale ».
C'est cette perspective beaucoup plus large qui donnait du souffle et de l'ambition aux militants de l'époque. Sachons-nous en inspirer aujourd'hui pour continuer leur combat et le mener à son terme !